
Cannabis : ce que proposent les partis politiques
La candidate du parti Les Républicains (LR) à la présidence de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, relance un débat récurrent en proposant dans une interview au Parisien jeudi de renforcer les tests salivaires anti-cannabis chez les lycéens. Mardi, on apprenait que le marché français des stupéfiants est dominé à 48% par le cannabis, principale drogue consommée par les Français. Comme un vieux serpent de mer, la question du cannabis refait surface. Que proposent les partis politiques pour limiter sa consommation ? Tour d’horizon des différentes positions pour y voir plus clair.
A droite, la priorité est la sanction des consommateurs
- La proposition annoncée jeudi par Valérie Pécresse dans un entretien accordé au journal Le Parisien reflète une position partagée à droite : le renforcement des contrôles pour limiter la consommation de cannabis. La candidate en Ile-de-France veut mettre en place des tests salivaires pour dépister la consommation de cannabis dans les lycées des quelques 470 établissements de la région.
« La consommation de drogue a pour conséquence la démotivation, le décrochage et l’échec scolaire. Lutter contre l’usage de la drogue chez les mineurs c’est ma responsabilité de candidate », assure-t-elle.
- Cette idée n’est pourtant pas neuve. Jean-François Copé en 2012 et Eric Ciotti en 2014 avaient également mis sur la table les dépistages salivaires pour le secondaire.
- Demeurent toutefois des réticences. A l’image de Nathalie Kosciusko-Morizet, interrogée jeudi matin sur France Info, cette idée ne fait pas l’unanimité chez Les Républicains.
.@nk_m : “Je ne suis pas sûre qu’on puisse obliger à un test salivaire” des lycéens pour détecter le cannabis comme le propose @vpecresse
— franceinfo (@franceinfo) November 5, 2015
- Seule la position du député LR Laurent Marcangeli contraste fortement avec le reste du parti. Dans un rapport d’information sur l’évaluation et la lutte contre l’usage de substances illicites coécrit avec la député PS Anne-Yvonne Le Dain, Marcangeli proposait de transformer le délit en contravention de troisième catégorie, punissable d’une amende de 450 euros. Une proposition rejetée par les autres députés LR.
- Quant à l’ex chef de l’État Nicolas Sarkozy, il incarne avec brio ces atermoiements. Si la contravention pour la consommation de cannabis lui paraissait envisageable en 2007, ça n’était plus le cas lors de la campagne de 2012.
«Si la seule mesure du candidat socialiste, c’est de dire aux familles de France que le cannabis ce n’est pas grave, que les enfants et les adolescents peuvent en consommer, alors vraiment il y a matière à débat entre nous, parce que je ne suis pas du tout d’accord».
A gauche, certain visent une «légalisation contrôlée» pour «casser le trafic»
L’indécision n’est pas que le lot de la droite. A gauche aussi, et notamment au Parti socialiste, les propositions de légalisation du cannabis s’opposent à la fermeté de Manuel Valls, décidé à ne pas «rouvrir le débat».
- Pour les Verts et le NPA, la question ne fait pas de doute : il faut légaliser. La sénatrice EELV Esther Benbassa avait d’ailleurs déposé en janvier dernier une proposition de loi visant à «autoriser l’usage contrôler du cannabis», sans suite. Dans une interview donnée au journal Le Monde, elle justifiait sa position :
«Nous avons déposé une proposition de loi dont le but est d’autoriser l’usage contrôlé du cannabis, ce qui inclut la dépénalisation. En France, nous avons la législation la plus répressive contre l’usage du cannabis mais nous avons beaucoup de consommateurs. C’est un problème.»
- Au PS, on est un peu plus frileux. Le patron des députés PS Bruno Le Roux a proposé d’«ouvrir le débat » sur le cannabis la semaine dernière sans toutefois épouser les idées de la gauche de la gauche. Député de Saint-Ouen, un carrefour du trafic de drogue et notamment de marijuana, Le Roux veut briser les trafic de drogues en ouvrant la voie à d’autres solutions, telles que la légalisation contrôlée.
« En refusant d’en parler, on fait le jeu des trafiquants ! Je suis bien placé pour savoir ce que ça génère en termes d’argent et de trafic d’armes », a‑t-il expliqué, lassé des « caricatures » et « procès en laxisme.»
- L’ex-ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, partisan de longue date d’une « légalisation contrôlée » face à l’échec de la loi de 1970 sur les stupéfiants veut quant à lui installer des filières de production de cannabis vendu aux majeurs dans des établissements sous licence. Objectif : couper l’herbe sous les pieds des trafiquants.
- Encore récemment, c’est la garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui a évoqué cette question, estimant qu’il faut arrêter de « fermer les yeux » et relancer les discussions.
.@ChTaubira: Quand “40% d’une génération consomme du cannabis, il n’est pas responsable” de fermer les yeux #BFMPol
— BFM Politique (@BFMPolitique) November 1, 2015
- Depuis le 15 octobre, grâce à la « transaction pénale », les policiers peuvent d’ailleurs proposer à un consommateur de drogue une amende immédiate allant jusqu’à 300 euros, plutôt qu’un renvoi au tribunal. Mais l’adoption de cette mesure ne signifie pourtant pas une réouverture du débat. Il y a encore quelques jours, Manuel Valls a prévenu qu’il ne prendrait aucune initiative « qui légalise, autorise, dépénalise ».