Cette semaine un vent glacial a soufflé sur la capitale. Si dans le secteur du BTP le chômage intempéries protège les employés des températures négatives (-5°C annoncés au petit-matin), les indépendants, travailleurs de l’ombre et livreurs à l’emploi du temps serré n’en bénéficient pas pour autant.
Franck, 36 ans travaille le jeudi et le dimanche comme boucher-tripier sur le marché de Saint Mandé. Quand il reste quatre heures à son stand par moins deux degrés, il sort sa doudoune, « la clé c’est de bien se couvrir » affirme-t-il, un brin taquin. Franck ruse pour se préserver du grand froid, « je me lave les mains dans une bassine d’eau brulante, très vite tiède. » Il a aussi installé un petit radiateur électrique sur son comptoir.
S’il y a bien quelqu’un que tout le monde connaît à Auteuil, c’est Rafiq. A 33 ans, ce Bengali arrivé en France en 2012, grelote deux heures par jour du lundi au dimanche, devant la station de métro éponyme. Bananes, citrons, manques… Il a posé ses cageots et garé son cadi ici il y a deux ans. Qu’il neige ou qu’il vente, Rafiq écoule ses stocks. Son tout à 1 ou 2 euros a séduit les habitants du quartier. Ses gants trop grands et son écharpe-bonnet sont ses seules armes antigel.
Cet homme est un lexique de gastronomie japonaise grandeur nature. Livreur pour l’entreprise japonaise JFC depuis dix ans, Stéphane tire son diable plein de vivres de 8h à 16h30. Le quinquagénaire ravitaille les restaurants et traiteurs japonais de la capitale, en sauce soja sucrée, riz rond et wasabi. Malgré le froid, il « aime mieux être dehors que dans un bureau ! ». Pour se réchauffer, il n’a que son camion et sa pause déjeuner de 13h à 14h30.