
Donald Trump face à la justice : un candidat à la présidentielle renforcé par les procès ?
L’ancien président américain est, une nouvelle fois, attendu au tribunal de New York ce jeudi pour être fixé sur la date de son procès pénal dans l’affaire des paiements secrets à une actrice porno. Paradoxalement, l’enchainement de déboires judiciaires peut venir appuyer le narratif du candidat populiste.
Pile je gagne, face tu perds : la justice américaine est-elle condamnée à servir les intérêts de Trump ? L’ancien président des Etats-Unis se rendra au tribunal de New York à 14 heures (heure locale). Ses avocats avaient déposé un recours contre l’action en justice qui lui est intentée et le juge Merchan doit rendre sa décision aujourd’hui. Si le recours est rejeté, Donald Trump sera le premier président de l’histoire américaine à subir un procès au pénal, le 25 mars prochain. Il est mis en cause dans six affaires judiciaires.
Son procès face à Stormy Daniels ne semble pas être un frein politique à la campagne de Trump, mais plutôt un élément de plus dans un narratif anti-système rôdé depuis des années.
Des affaires en pagaille
Donald Trump, 45e président des Etats-Unis et magnat à la tête d’un empire immobilier, est accusé d’avoir maquillé les comptes de son entreprise pour dissimuler le versement de 130 000 dollars à une star du X, Stormy Daniels, juste avant la présidentielle de 2016, pour qu’elle se taise sur la relation sexuelle qu’ils auraient eue en 2006. Le milliardaire venait de se marier et d’avoir un enfant avec sa femme Melania. Donald Trump réfute l’existence d’une telle relation.
Si le juge rejette le recours déposé par les avocats du candidat républicain, il devra comparaître devant un jury populaire pour 34 fraudes comptables. Mais deux problèmes surviennent : selon les principaux observateurs de l’affaire, les accusations sont fragiles, et il existe de bonnes chances que Donald Trump sorte blanchi de cette histoire. Mais pour Elizabeth Sheppard Sellam, chercheuse et experte des questions de politique américaine, le problème pour Trump n’est pas ce procès « mais plutôt la multiplication des procédures, notamment ses procès liés au 6 janvier 2021 — date de l’attaque du Capitole ». A l’inverse, une condamnation ne signifierait pas forcément une baisse des intentions de vote en sa faveur.
Car le chemin de croix judiciaire Trumpien ne s’arrête pas à son procès contre Stormy Daniels. Il est également poursuivi devant la justice fédérale et celle de l’Etat de Géorgie pour ses tentatives présumées de renverser le résultat de la présidentielle de 2020. Autre procès : Donald Trump est accusé d’avoir gonflé de manière colossale la valeur de ses actifs immobiliers dans les années 2010 pour séduire les banques.
La campagne en suspens ?
Trump pourra-t-il mener une campagne politique dans la course à la présidentielle 2024, en parallèle des différents procès dans lesquels il est impliqué ? « On a déjà vu Eugene Victor Deb, candidat socialiste, faire sa campagne présidentielle en prison [en 1920, ndlr]. Quand on parle des procès de Trump, il faut différencier ceux qui ont vraiment un enjeu, comme son procès pour ingérence. Celui-ci va vraiment au delà de sa propre personne », analyse l’experte Elizabeth Sheppard Sellam.
Alors quelle stratégie pour l’anti-Biden ? En pleine primaire républicaine qu’il s’apprête à remporter sans réelle concurrence, le septuagénaire peut user de deux stratégies. La première est très simple, et a déjà fait école dans les affaires politico-judiciaires : jouer la montre. « Le système judiciaire américain permet de faire durer les procès indéfiniment », selon Elizabeth Sheppard Sellam.
Autre stratégie possible, voir complémentaire : utiliser la force judiciaire pour lui. Le candidat à la casquette rouge s’est toujours présenté comme l’ennemi du système, harcelé par une classe médiatique et judiciaire soumise aux démocrates. Et le grand nombre de procès est un argument de plus : « Malheureusement ça rentre dans son narratif depuis quelques semaines : les gens qui votent pour lui sont toujours derrière lui, ça va dans le sens de son rôle d’anti système, anti establishment. Il parle des juges en permanence mais il ne dit pas qu’ils sont démocrates, il l’insinue. Il oublie volontairement les juges qui sont à sa botte. » À la fin, ce sont les électeurs qui trancheront.