
Hind Rajab, 6 ans, morte malgré ses appels à l’aide, est devenue le symbole des souffrances du peuple palestinien
Le 10 février, le corps de la petite Palestinienne était retrouvé inanimé, au même titre que ceux des deux secouristes qui ont tenté de la sauver. La porte-parole de la diplomatie américaine a demandé aux autorités israéliennes d’enquêter de manière urgente sur ce drame.
« Il y a du sang partout. Le tank est derrière moi. Venez me chercher. » Ces mots, Hind Rajab les a adressés au standard du Croissant-Rouge palestinien, le 29 janvier. La dépouille de la fillette, qui était âgée de 6 ans, a été retrouvée le 10 février à Gaza. Son corps gisait à côté de ceux de plusieurs membres de sa famille dans la voiture où elle se cachait, près d’une station essence du quartier de Tel al-Hawa, après le départ à l’aube de chars israéliens de la zone, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) sa famille, qui a accusé les Israéliens de les avoir tués.
Les corps des deux secouristes du Croissant-Rouge palestinien (PRCS), qui avaient été envoyés pour la secourir, ont eux aussi été retrouvés, dans leur ambulance, à quelques mètres de là. « Hind et tous ceux qui se trouvaient dans la voiture ont été tués », a déclaré à l’AFP son grand-père, Baha Hamada. « Ils ont été retrouvés par des membres de [notre] famille qui sont allés à la recherche de la voiture et l’ont trouvée près de la station essence », une zone jusque-là inaccessible en raison de la présence militaire israélienne, a‑t-il expliqué. La famille de la fillette avait raconté cette semaine à l’AFP que Hind et d’autres membres de sa famille cherchaient à fuir les combats dans la ville de Gaza lorsque leur voiture s’est retrouvée face à des chars israéliens, qui auraient ouvert le feu.

Hind avait dans un premier temps survécu, et eu sa famille au téléphone, alors que tous les autres personnes présentes dans la voiture étaient mortes. Le PRCS avait confirmé qu’une standardiste avait eu Hind au téléphone, puis entendu un bruit de tirs. Dans un enregistrement qu’il a diffusé, on entend la petite voix de la fillette supplier : « Venez me chercher », « J’ai tellement peur, s’il-vous-plaît, venez ». Le Croissant-Rouge palestinien a activement participé à la diffusion en mondovision de l’histoire tragique de la petite fille, en tweetant des extraits de ces échanges téléphoniques.
« Les forces d’occupation ont délibérément ciblé l’ambulance, qui avait été autorisée à aller sur place pour secourir la petite Hind. Les restes des ossements des humanitaires Youssef Zaino et Ahmed Al-Madhoun ont été retrouvés dans la voiture. Les auteurs de l’attentat s’en sortiront-ils cette fois-ci ? », demande l’organisation.
Alors que les milliers de morts à Gaza ne sont souvent considérés qu’au travers de chiffres publiés par le Hamas, l’exemple de Hind Rajab a personnifié les souffrances et les horreurs de la guerre subies par la population palestinienne. La mère de Hind, Wissam Hamada, interrogée par l’AFP, a dénoncé « les mécréants Netanyahu, Biden et tous ceux qui ont conspiré contre Gaza et sa population », disant vouloir les interroger « devant Dieu sur ce jour où ma fille a lancé des appels à l’aide (…) sans que personne ne vienne à son secours ».
« Nous avons demandé aux autorités israéliennes d’enquêter de manière urgente »
« Hind est morte en martyre et est restée dans la voiture pendant deux semaines, personne n’a pris soin d’elle ! Que Dieu punisse les responsables », a hurlé sa mère, Wissam Hamada, filmée après qu’elle se fut recueillie devant le corps de son enfant. Elle a fustigé l’inaction des organisations de droits humains dans la protection de sa fille. Le Hamas a, de son côté, appelé dans un communiqué « les institutions des droits de l’Homme et les Nations unies à une enquête sur ce crime odieux ».
« Combien d’autres enfants souffriront et mourront avant que ce cauchemar prenne fin ? », a réagi Catherine Russell, directrice exécutive de l’Unicef, dans un communiqué publié dimanche. Ce « cas tragique est un parmi tant d’autres qui se déroulent sous nos yeux à Gaza, a dénoncé Tor Wennesland, coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, dans un texte publié samedi. Quand une ambulance avec des secouristes semble avoir été frappée alors qu’elle était en route pour aider, nous avons besoin de réponses. » « Nous avons demandé aux autorités israéliennes d’enquêter de manière urgente sur cet incident, a déclaré Matthew Miller, porte-parole de la diplomatie américaine. C’est un récit bouleversant, déchirant pour cette enfant. »
En France, le député insoumis François Piquemal, membre de la Commission Défense et Forces Armées, a interpellé le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, à l’Assemblée nationale, le 13 février : « Il est temps que le monde se réveille, et notre pays en particulier, en portant haut sa branche d’olivier », en référence au symbole de la paix dans le monde.