Les pays alliés sont actuellement en train d'augmenter leur budget de défense pour l'OTAN, selon le secrétaire général Jens Stoltenberg. SAM WOLFE / REUTERS 

OTAN : qu’est-ce que la « règle des 2 % » qui vaut à certains alliés d’être qualifiés de « mauvais payeurs » par Donald Trump ?

Un « chiffre record ». Dix-huit pays de l’Otan sur 31 atteindront, cette année, l’objectif de 2% du PIB en dépenses militaires, a affirmé le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg, mercredi 14 février lors d’un sommet à Vilnius, en Lituanie. 

Cette annonce intervient en réponse aux récentes critiques de Donald Trump contre ce qu’il a appelé « les mauvais payeurs » de l’Europe. L’ancien président américain et probable candidat républicain au scrutin de novembre, s’est montré acerbe lors d’un meeting de campagne, la semaine dernière, en racontant la discussion qu’il aurait eue avec un chef d’Etat : « L’un des présidents (…) s’est levé et a dit : ‘Monsieur, si on ne paie pas et qu’on est attaqués par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?’ ‘Non, je ne vous protégerai pas. En fait, je les encouragerai à faire ce qu’ils veulent. Vous devez payer vos factures’ ». 

« Nous faisons de réels progrès, les alliés européens dépensent plus », lui a donc indirectement répondu Jens Stoltenberg ce mercredi. Selon lui, en 2014, seuls trois pays avaient atteint l’objectif de 2%. « Certains alliés ont encore un long chemin à parcourir », a reconnu le secrétaire général de l’Otan.

Donald Trump a‑t-il raison de parler de « mauvais payeurs » ? Et plus généralement, comment est financé l’OTAN ?

Un financement direct par les 31 membres 

Les 31 pays alliés de l’OTAN participent d’abord à son financement par des contributions directes. Ces contributions correspondent aux fonds que les membres versent, tous les deux ans, pour l’exécution des budgets et des programmes financés en commun, selon le site internet de l’Alliance. Ils sont ensuite utilisés pour le fonctionnement de l’organisation, son commandement militaire permanent ou ses infrastructures militaires. 

En 2023, le fonds n’a représenté que 0,3% des dépenses de défense totales des pays membres, soit environ 3,3 milliards d’euros. Les Etats-Unis et l’Allemagne sont les deux principaux contributeurs directs, avec chacun 16,2%, suivis par le Royaume-Uni (11,2%), la France (10,4%) et l’Italie (8,7%).

Les contributions indirectes au cœur du débat 

En plus de ces financements directs, il existe des contributions indirectes. Ce sont celles-ci que Donald Trump a vivement critiquées. Il s’agit des coûts liés aux opérations de l’OTAN — décidées par consensus au sein du Conseil de l’Alliance — auxquelles les Alliés n’ont pas l’obligation de participer. L’organisation ne dispose pas de ses propres forces armées, son intervention repose donc sur la volonté des Etats de lui prêter des soldats et du matériel militaire. C’est précisément ici que les positions se crispent, et que les déséquilibres apparaissent dans la participation de chacun.

Depuis 2006, chaque État doit consacrer au moins 2% de son PIB à la défense, pour que la disponibilité opérationnelle reste assurée à l’échelle de l’Alliance. Mais la plupart des pays membres ne respectent pas la règle des 2%. Sur son site, l’organisation souligne que la somme des PIB de tous les pays membres, hors États-Unis, est presque égale à la richesse des États-Unis. Or ces pays-là, ensemble, consacrent à la défense moitié moins que Washington. En dépit d’un accord selon lequel aucun membre ne doit supporter plus de la moitié du fardeau à lui seul.

Ce pourcentage du PIB est perçu comme un indicateur de la volonté politique de chaque Etat de contribuer à l’effort global. En 2023, selon le dernier rapport annuel de l’Otan, seuls douze pays membres respectent l’engagement des 2% : la Pologne (3,9%), les États-Unis (3,5%), la Grèce (3%), l’Estonie (2,7%), la Lituanie (2,5%), la Finlande (2,5%), la Roumanie (2,4%), la Hongrie (2,4%), la Lettonie (2,3%), la Suède (2,3%), le Royaume-Uni (2,1%) et la Slovaquie (2%). 

Source : OTAN

Les Alliés européens augmentent leurs dépenses militaires

Beaucoup de ces pays sont géographiquement proches de la Russie, ce qui peut expliquer la régularité de leur contribution aux 2%. Dans les pays « mauvais payeurs », on retrouve la France, avec seulement 1,9% de son PIB consacré à la défense. Mais également l’Allemagne (1,6%), l’Italie (1,5%), l’Espagne (1,3%), la Turquie (1,3%), la Belgique (1,1%) et le Luxembourg (0,7%).

Avec la crise financière de 2008, les alliés ont peiné à remplir leurs engagements financiers à 2%. Mais depuis l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie en 2014, puis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022, les Etats ont décidé d’augmenter leurs dépenses de défense. L’Allemagne s’est par exemple engagée à investir 100 milliards d’euros dans la défense pour enfin dépasser les 2%. En France, la nouvelle loi de programmation militaire devrait permettre à la barre des 2% d’être franchie l’année prochaine.